Nouvelles de FPC Philanthropie et finance durable Benoit Charlebois Nov 3, 2023 9 min read Nouvelles et perspectives Nouvelles de FPC Philanthropie et finance durable DISCOURS DE JEAN-MARC MANGIN – Photos : James Park Voici la version française d’un discours prononcé à l’origine dans les deux langues officielles le 2 novembre 2023 lors du deuxième Forum annuel sur la finance durable à Ottawa, dans le cadre d’un dîner-conférence intitulé : Le paysage de la finance sociale : intégration de la finance et des politiques pour un système financier plus durable. Les conférencier étaient les suivants : Jean-Marc Mangin, Fondations Philanthropiques Canada Andrea Dicks, Fondations communautaires du Canada Roger Beauchemin, Addenda Capital & Association pour l’investissement responsable Marc-André Blanchard, Caisse de dépôt et placement du Québec Sir Ronald Cohen, Président du Global Steering Group for Impact Investment (GSG),The Portland Trust, et International Foundation for Valuing Impacts (format virtuel) ____________________________________________________________________________________________________________ Bonjour à tous. Je vous remercie de votre attention. Fondations philanthropiques Canada (FPC) est le plus grand réseau philanthropique du pays. Ensemble, nos membres gèrent près de la moitié des actifs des fondations publiques et privées au Canada. Notre mission est de renforcer la philanthropie – dans toute sa diversité – en vue d’un monde plus juste, équitable et durable. Partie intégrante du secteur caritatif et à but non lucratif du Canada, les fondations sont des organismes de bienfaisance qui investissent des actifs, gèrent des programmes et accordent des subventions à d’autres organismes de bienfaisance et à but non lucratif. En 2021, les plus de 10 000 fondations canadiennes géraient collectivement 135 milliards de dollars d’actifs. L’analyse la plus récente montre que les fondations versent près de 10 milliards de dollars par an sous forme de subventions pour soutenir un large éventail d’initiatives sociétales, depuis l’éducation jusqu’aux soins de santé, en passant par les services sociaux, le développement international, l’action climatique, le logement, le bénévolat, les arts et la culture, et bien d’autres encore. Une philanthropie véritablement à 360 degrés. Ce matin même, l’université Queen’s a reçu un don historique de 100 millions de dollars. Cette générosité est alimentée par une politique fiscale importante qui encourage les donateurs à contribuer au bien commun. Toutefois, à partir de 2024, ces incitatifs fiscaux ne seront plus aussi généreux, en raison des modifications apportées à l’impôt minimum de remplacement. Les organisations caritatives ne doivent pas devenir les victimes collatérales des efforts légitimes visant à garantir que les plus riches d’entre nous paient leur juste part d’impôts. Traditionnellement, les comités d’investissement et les conseillers des fondations gèrent leurs actifs dans le but de maximiser les rendements, qui sont ensuite utilisés pour financer leurs activités caritatives et leurs subventions. Cependant, je constate de plus en plus que les fondations souhaitent s’engager dans des activités qui vont au-delà de la simple maximisation du rendement, et qu’elles accordent maintenant plus d’attention et d’actifs à la finance durable. Pourquoi en est-il ainsi ? Parce qu’un nombre croissant de fondations comprennent que l’alignement de leurs portefeuilles sur leur vision, leur mission et leurs valeurs est l’un des moyens les plus puissants, les plus efficaces et les plus responsables d’utiliser toutes leurs ressources pour atteindre leurs objectifs. Dans une enquête sur les investissements des membres de FPC réalisée par Millani en 2021, 38 % des personnes interrogées ont déclaré avoir une stratégie d’investissement responsable. Ces stratégies reflètent les priorités et les outils d’investissement des fonds de dotation, tels que les filtres négatifs, les filtres positifs, les considérations ESG et l’investissement dans des fonds qui créent intentionnellement des impacts sociaux, environnementaux et sanitaires positifs. En ce qui concerne la pratique de faire valoir les investissements d’impact en particulier, les membres de FPC rapportent qu’ils le font de plus en plus couramment, avec trois fois plus de fondations signalant ce type d’investissement entre 2012 et 2021. J’aimerais partager quelques exemples avec vous. La Fondation Lucie et André Chagnon, dont les actifs s’élèvent à plus de 2 milliards de dollars, contribue à lutter contre la pauvreté, en particulier chez les jeunes Québécois. Elle vise à investir son capital de façon durable et responsable, en consacrant 10 % à des investissements axés sur la mission. La Fondation Chagnon participe au développement de fonds communs de placement pour le logement en partenariat avec le gouvernement, comme le Fonds d’investissement de Montréal (FIM), qui finance l’achat et la rénovation de logements collectifs par des organismes sans but lucratif et des coopératives d’habitation. En début de semaine, la fondation a annoncé un partenariat avec Investissement Québec pour la construction de 1 500 logements étudiants abordables. L’une des plus anciennes fondations du Québec et du Canada, la Fondation McConnell, a récemment annoncé qu’elle modifierait sa stratégie d’investissement au cours des cinq prochaines années, en investissant la totalité de son fonds de dotation dans des projets d’impact. McConnell prévoit de déployer l’ensemble de ses actifs, soit 655 millions de dollars, sous forme de financement caritatif et d’investissement, afin de générer un impact positif mesurable dans nos communautés et sur l’environnement, tout en s’engageant à réduire à zéro les émissions de carbone de son portefeuille d’ici à 2050. Sa stratégie d’investissement s’inspire en partie du travail de la fondation Inspirit, l’une des premières fondations canadiennes à s’être engagée à investir à 100 % dans l’impact. Inspirit est une fondation publique basée à Toronto qui lutte contre les discriminations, notamment dans les médias. De même, en Colombie-Britannique, le portefeuille d’investissement de la fondation Houssian est 100 % aligné sur sa mission et profondément ancré dans ses stratégies de justice climatique et d’équité de genre, dans le but de contribuer et de faire progresser les domaines de l’investissement durable et de l’investissement d’impact au Canada. Au Manitoba, la fondation Lawson tire parti de ses actifs pour faire progresser la réconciliation avec les peuples autochtones. Elle a été l’un des premiers bailleurs de fonds au Canada à soutenir un contrat de résultats dirigé par la communauté autochtone en investissant dans Aki Energy, qui apporte des solutions d’énergie propre aux communautés des Premières nations du Manitoba. Ils sont également fiers de soutenir et d’encourager le leadership de Raven Capital Partners, un intermédiaire financier autochtone qui contribue à la création d’un marché de la finance sociale autochtone au Canada. Enfin, Lawson a investi dans une technologie destinée à soutenir un programme appelé “Initiative de rétablissement du lien sacré”, qui contribue à éviter que les enfants en bas âge ne soient placés en institution et à réduire le temps passé en institution grâce à une réunification précoce des familles. Tout ce travail a été entrepris en collaboration et sous la direction de partenaires autochtones. En Nouvelle-Écosse, la fondation River Phillip s’est associée à un promoteur et à Centraide pour construire et vendre des logements ruraux abordables dans la région d’Amherst. Certains logements seront vendus, d’autres seront des logements locatifs abordables, l’objectif étant de parvenir à une hypothèque mensuelle de 500 $ ou moins. La fondation s’est engagée à verser une subvention de 25 000 dollars par logement, complétée par le gouvernement fédéral et la province. Il existe de nombreux exemples d’organisations philanthropiques dans tout le pays qui s’associent à des organisations à but non lucratif, au gouvernement et à des entreprises du Canada, afin d’utiliser leur capital pour faire avancer leur mission et accroître leur impact social de manière significative. Mais si ce domaine est en plein essor, il n’en est encore qu’à ses balbutiements. Nous sommes en train de rattraper nos concurrents, de relever nos multiples défis nationaux et d’éviter l’effondrement des systèmes de notre planète. Dans nos sondages, les personnes interrogées indiquent que la finance durable reste limitée par les choix des gestionnaires de fonds, la culture d’aversion au risque des conseils d’administration, les conditions de marché immatures et la charge administrative. Certes, les mesures mise en place par les pouvoirs publics dans ce domaine sont notables. Avec des investissements dans des initiatives telles que le Fonds pour l’énergie propre, le Programme de préparation à l’investissement, le Fonds de finance sociale, le Fonds pour l’égalité et la Fondation pour les communautés noires, il est clair que ce gouvernement est désireux d’accomplir sa part de responsabilité et de leadership. La réalité est que le partenariat avec le gouvernement demeure un facteur de succès essentiel pour aider à construire un marché de la finance durable plus normalisé et plus prospère au Canada. Les pouvoirs publics doivent continuer à se manifester, pour aider à réduire les risques des investissements, pour soutenir les idées et les modèles innovants, et pour croître à plus grande échelle. Cela est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit de résoudre la crise du logement abordable et la transition vers une économie à faibles émissions de carbone. Malgré des contraintes budgétaires bien réelles, le partenariat gouvernemental et le déploiement inventif de ses capacités d’investissement restent le principal catalyseur pour passer à l’échelle supérieure et attirer les investisseurs. La philanthropie dispose de milliards d’actifs qui peuvent être investis de manière à faire progresser le bien commun. Tout en maintenant des portefeuilles responsables et équilibrés, les fondations peuvent être les premières à développer le domaine de la finance durable. Mais le temps n’est pas en notre faveur : nous devons combiner un sentiment d’urgence avec une approche pragmatique et rigoureuse pour obtenir des résultats durables qui comptent pour les Canadiens. Je garde l’espoir que l’énoncé économique de l’automne et le budget 2024 présenteront des initiatives audacieuses qui inciteront le capital philanthropique à étendre et à approfondir le domaine de la finance durable. Merci. Migwech. Partager cet article Facebook Twitter LinkedIn Email
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