Blogue invités Bon COP, Bad COP – Le rôle de la philanthropie à la COP28 Éric St-Pierre Déc 20, 2023 6 min read Nouvelles et perspectives Blogue invités Bon COP, Bad COP – Le rôle de la philanthropie à la COP28 Texte d’Éric St-Pierre, PDG de la Fondation familiale Trottier, membre de FPC La 28e édition de la Conférence des Parties (COP) a accueilli un nombre record de près de 100 000 participants aux Émirats arabes unis, le sixième plus grand État pétrolier du monde, et s’est achevée la semaine dernière sur un bilan mitigé. L’un des résultats positifs de la COP28 a été la création du premier fonds de compensation des pertes et dommages, pour lequel 700 millions de dollars ont été promis jusqu’à présent afin d’aider les pays les plus vulnérables aux conséquences de la crise climatique. C’est un bon début pour la justice climatique, mais ce financement ne représente que 0,2 % du financement nécessaire pour aider réellement ces pays à s’adapter et à répondre aux impacts de la crise climatique – une crise dont ils sont les moins responsables et les plus touchés. Pour la première fois, les pays ont enfin mentionné le redoutable terme : « combustibles fossiles ». En effet, il s’agit du premier accord ou bilan mondial comportant un consensus sur la « transition vers l’abandon des combustibles fossiles ». Il s’agit d’une évolution positive, même si de nombreux experts ne font preuve que d’un optimisme prudent, car l’accord comporte des lacunes importantes et ne parvient pas à « éliminer progressivement » les combustibles fossiles, ce que nous devons faire pour garantir un climat sûr et vivable. Comme l’a déclaré le ministre Benoît Charette lors de la conférence de presse de l’Alliance Au-delà du pétrole et du gaz (en anglais, Beyond Oil & Gas, ou BOGA) à Dubaï : « Je n’aime pas entendre parler de réduction progressive, ce n’est pas suffisant, c’est l’élimination progressive que nous devons réaliser. » Parmi les autres bonnes nouvelles issues de la COP28, citons l’engagement de tripler la production d’énergie renouvelable et de doubler l’efficacité énergétique, ainsi que la réglementation sur le méthane, dans le cadre de laquelle l’industrie s’est jointe à des centaines de pays pour réduire les émissions de méthane d’ici à 2030. Il s’agit là de véritables solutions pour le climat. Rôle de la philanthropie à la COP Alors pourquoi une fondation philanthropique participerait-elle à une COP ? Et pourquoi participer à une COP où un nombre record de lobbyistes et de milliardaires du pétrole et du gaz arrivent en jet privé pour participer à un prétendu festival pour les fanatiques du climat, sans parler de l’événement organisé par le PDG d’une énorme société pétrolière émirienne ? Aurions-nous dû tout simplement boycotter la conférence ? Nous ne le croyons pas. Les entreprises et la philanthropie ont un rôle bien légitime à jouer dans la recherche de solutions en matière de climat. Bien que les négociations de la COP soient menées par des négociateurs représentant les États-nations, la présence croissante des gouvernements infranationaux (par exemple la présence du Québec au sein de la BOGA) est essentielle, tout comme l’est le rôle des villes, du secteur financier et des communautés d’affaires et philanthropiques. Les solutions climatiques nécessitent la présence de toutes les forces vives et, compte tenu de la présence des lobbyistes des combustibles fossiles qui tentent de ralentir la transition climatique, nous avions absolument besoin de la présence de la société civile et de ses alliés. Les nombreux partenaires de la Fondation Trottier étaient présents à la COP28 pour dénoncer les traînards canadiens de la lutte contre le changement climatique. Nous étions présents avec nos casquettes « émissions » – des casquettes de baseball pour montrer notre soutien à l’annonce par le Canada d’un cadre de plafonnement des émissions pétrolières et gazières. C’était formidable de voir des centaines de Canadiens porter fièrement leur casquette pour montrer leur soutien et envoyer un message au monde entier. Le Washington Post l’a même qualifiée de nouvelle tendance mode de la COP28 ! Au delà de l’apparition éclair d’une nouvelle mode démontrant le soutien au nouveau cadre de plafonnement des émissions du Canada, la COP constitue également un lieu privilégié pour accélérer la conclusion d’accords sur le climat et mettre en place de nouvelles initiatives. Ainsi, après avoir assisté à une réunion de la société civile avec le ministre québécois de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques au sujet de la BOGA, notre fondation a commencé à planifier une nouvelle initiative visant à étendre l’adhésion à la BOGA à de nouvelles provinces canadiennes. Secondement, nous avons fait la promotion du financement pour le climat en organisant une table ronde avec la sénatrice Rosa Galvez, Ben Caldecott et Catherine McKenna sur la façon dont le Canada peut devenir un leader à cet égard. Notre fondation s’est également associée à une grande institution financière dans le cadre d’une nouvelle initiative qui sera annoncée prochainement. Troisièmement, nous avons participé à la toute première Journée de la santé et du climat organisée par la COP. Nous sommes le premier bailleur de fonds à tenter de décarboner le système de santé canadien, et nous avons rejoint d’autres bailleurs de fonds et parties prenantes du monde entier pour faire état du recoupement entre les changements climatiques et la santé humaine. Le mouvement s’accélère ! Quatrièmement, nous avons collaboré avec d’autres bailleurs de fonds et réseaux tels que Bloomberg, l’Open Society Foundation, C40 Cities, ClimateWorks, WINGS et l’Engagement de la philanthropie canadienne sur le dérèglement climatique. La communauté philanthropique mondiale se mobilise et joue son rôle pour faire progresser les solutions climatiques. La Fondation Trottier finançait également la majeure partie des organisations non gouvernementales en environnement (ONGE) du Canada qui participaient à la COP. Le dévouement et le travail acharné de ces leaders du climat, en particulier des femmes et des Autochtones, ont été une véritable source d’inspiration. En tant que bailleur de fonds, la possibilité de tisser des liens avec des fonctionnaires canadiens, des élus, des leaders de la société civile, des universitaires, des experts financiers et des leaders internationaux s’est avérée à la fois motivante et fructueuse. Nous sommes repartis de la COP28 porteurs de nouvelles initiatives proactives qui accéléreront sans aucun doute les solutions climatiques, inspirés par de nouvelles idées et dotés d’un réseau plus large, et prêts à relever collectivement nos défis en matière de climat. Pour ceux qui sont prêts à se retrousser les manches, nous pouvons affirmer en toute confiance qu’une participation active à la COP est un excellent moyen de faire avancer les solutions climatiques. Partager cet article Facebook Twitter LinkedIn Email
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