Nouvelles de FPC Découvrir le paysage no.1 : comment en sommes-nous arrivés là? Michele Fugiel Gartner Juil 5, 2024 7 min read Nouvelles et perspectives Nouvelles de FPC Découvrir le paysage no.1 : comment en sommes-nous arrivés là? Série de blogues “Rapport sur le paysage 2024” Cette série de quatre blogues se veut une analyse approfondie du contenu du rapport sur le paysage 2024, lequel propose une vue complète du milieu philanthropique canadien. Ces blogues résument les principales constatations et présentent d’autres récits et réflexions tirés de présentations que nous avons faites sur les recherches et de commentaires que nous avons reçus de la part d’une multitude de personnes. Le rapport sur le paysage est un point de départ crucial pour les conversations sur les recherches en philanthropie, et nous vous invitons à faire partie des échanges. Dans ce premier blogue, nous explorons l’introduction (portrait de données) et la première section du chapitre 1 (le récit canadien). Les prochains blogues porteront sur d’autres sections. Comment raconter comment nous en sommes arrivés là? L’histoire de la croissance des fondations philanthropiques au Canada, exposée en détail dans le rapport sur le paysage, est particulièrement impressionnante. Depuis 2005, le nombre de fondations philanthropiques a crû de 25 %, soit quelque 2 200 fondations de plus (de 8 852 en 2005 à 11 061 en 2021). De 2018 à 2021, les recherches ont établi une hausse des dons à des donataires reconnus de 23 % de la part des fondations publiques (de 4,42 G$ à 5,45 G$) et de 72 % de la part des fondations privées (de 2,60 G$ à 4,74 G$). Les dons annuels à des donataires reconnus s’approchent des 10 milliards de dollars. On observe aussi une croissance de 100 G$ des actifs des fondations depuis 2008 (de 35 G$ à 135 G$). Ces données comportent de nombreuses nuances essentielles qui, comme la pointe d’un iceberg, révèlent le besoin d’une exploration élargie et approfondie. Par exemple, en 2012, le nombre de fondations privées a dépassé le nombre de fondations publiques. Selon une explication tirée des recherches antérieures, cette trajectoire suit la croissance du patrimoine personnel et familial au Canada. Si les fondations publiques ont récemment diminué en nombre, ce n’est pas le cas de leurs actifs. Ce contraste s’explique peut-être en partie par le phénomène des fonds orientés par les donateurs (FOD), un type de véhicule philanthropique administré par un organisme de bienfaisance tiers créé pour gérer les dons de bienfaisance provenant d’une organisation, d’une famille ou d’un particulier. Les augmentations des dons provenant des fondations publiques et privées entre 2018 et 2021 sont en partie le résultat de hausses constatées pendant la pandémie de COVID-19. Des hausses se dégageaient toutefois déjà des données antérieures à la COVID-19 puisqu’on observait alors une tendance croissante des dons. L’augmentation des dons s’explique aussi par la croissance du nombre total de fondations. La question des actifs de 100 G$ attire l’attention. Les nuances du nombre sont cependant tout aussi importantes que la statistique elle-même. D’une part, on a la preuve d’un changement de stratégie d’investissement (remplacement des titres à revenu fixe par des titres boursiers et des investissements alternatifs) avant et pendant la période de croissance, si bien que les fonds de dotation pourraient enregistrer une croissance agrégée plus importante. Ces pratiques, dont nous font part les gestionnaires de fonds, ne seraient pas différentes des conseils qu’ils offrent à d’autres clients, comme les sociétés. D’autre part, si on se fie aux entrevues et aux recherches documentaires historiques menées dans le contexte du rapport sur le paysage, les fondations philanthropiques ont enregistré des rendements annuels moyens de 7 à 8 %. Ce sont ces rendements qu’on vise pour couvrir les contingents des versements, l’inflation, les charges opérationnelles et les frais de gestion. Enfin, sur cette période, la croissance des actifs tient compte d’un intérêt composé d’environ 10 %, mais on compte 2 200 fondations de plus, alors la croissance elle-même est inférieure à 10 %. Sous cet angle, on pourrait se demander pourquoi la croissance n’est pas plus grande. Peut-être qu’elle s’explique par la nature plutôt prudente d’un grand nombre de fondations sur le plan financier. Cette recherche a également montré les normes et les valeurs de préservation du capital réel des fondations, sur lesquelles se fondent bien des décisions d’investissement. Si cette norme était « encouragée » pour que soient mieux acceptées certaines dépenses provenant du corpus, peut-être que la croissance agrégée serait plus faible. On navigue en eaux difficiles – si les fondations étaient moins prudentes et plus tolérantes au risque, la croissance agrégée serait peut-être plus marquée, mais les critiques leur reprocheraient alors de préserver ou de trop protéger leur patrimoine. On pourrait observer une croissance agrégée moins constante si les normes et les valeurs sont encouragées. Le portrait de données illustre clairement ce phénomène de croissance, mais il serait possible de raconter de façon plus claire le parcours qui nous y a menés. La tendance veut qu’on adopte une perspective chronologique pour raconter l’histoire des fondations philanthropiques au Canada, en décrivant les lignées anglophone, francophone et autochtone, ou protestante, catholique et juive. Chaque lignée a une histoire importante à raconter, sauf que la complexité de leur coexistence s’en trouve obscurcie. Le rapport propose un cadre différent – le micro (l’individu), le méso (le groupe) et le macro (le secteur) – pour voir s’il peut produire des perspectives légèrement différentes. Le rapport illustre les normes culturelles de générosité et de dons individuels au Canada, notamment les dons personnels (temps, trésor, talent) à des œuvres de bienfaisance locales, à des communautés et à des particuliers. On sait qu’il y a des normes et des histoires de dons semblables entre les populations, mais elles se manifestent de manières différentes et selon des styles différents. Le rapport examine les groupes, mais on y explique en quoi les sous-groupes sont essentiels pour comprendre comment les dons deviennent un instrument structurel. Les récits de dons dans le secteur philanthropique canadien sont orientés par certains groupes spécifiques. D’autres sous-groupes demeurent hors des recherches philanthropiques, et leurs pratiques ne sont pas adoptées par le secteur philanthropique. Cette (in)visibilité a des répercussions sur le niveau le plus macro, le secteur philanthropique, et le rapport analyse la façon dont le secteur s’est bâti tel qu’il est, qui l’a bâti de cette façon, et pourquoi certains choix ont été faits. Alors comment parlons-nous de comment nous sommes arrivés là? Comme le démontre le rapport, nous observons une croissance dans la majeure partie des portraits de données et une volonté certaine de comprendre les fondations philanthropiques. Il n’y pas qu’un seul chemin qui mène là où nous sommes. Si la pointe de l’iceberg ne donne pas un récit net, elle donne quand même des pistes pour réfléchir, poser de nouvelles questions de recherche, et nous guider dans la direction voulue. Les possibilités – et les besoins – de recherches et de découvertes additionnelles sur les fondations philanthropiques au Canada sont vastes et nécessitent une réflexion active sur le récit et les pratiques d’aujourd’hui. 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Découvrir le paysage no. 3 : Les valeurs et les priorités qui déterminent les décisions des fondations Nouvelles de FPC 11 min read