Nouvelles de FPC Nouvelles de FPC Découvrir le paysage no. 3 : Les valeurs et les priorités qui déterminent les décisions des fondations Michele Fugiel Gartner Nouvelles de FPC 11 mins read 20 Août 2024 Nouvelles et perspectives Nouvelles de FPC Découvrir le paysage no. 3 : Les valeurs et les priorités qui déterminent les décisions des fondations Cette série de quatre blogues se veut une analyse approfondie du contenu du rapport sur le paysage 2024, lequel propose une vue complète du milieu philanthropique canadien. Ces blogues résument les principales constatations et présentent d’autres récits et réflexions tirés de présentations que nous avons faites sur les recherches et de commentaires que nous avons reçus de la part d’une multitude de personnes. Le rapport sur le paysage est un point de départ crucial pour les conversations sur les recherches en philanthropie, et nous vous invitons à faire partie des échanges. Préconiser des discussions ouvertes sur les investissements et le fonctionnement des fondations Dans ce troisième blogue, nous observons les valeurs et les priorités qui déterminent les investissements et le fonctionnement des fondations. Nous nous intéressons particulièrement à l’investissement d’impact, aux gestionnaires de fonds et aux rôles des PDG des fondations. Le paysage philanthropique au Canada suit une évolution perceptible à la fois dans les priorités d’investissement et dans le fonctionnement des fondations. Puisque les fondations déclarent leurs actifs au moyen du formulaire T3010, on s’intéresse de plus en plus à la gestion et à l’utilisation de ces actifs, supervisées par des conseils d’administration, des cadres supérieurs et des comités d’investissement. En outre, on cherche petit à petit à savoir où et comment les fondations distribuent leurs actifs, une tâche nettement plus colossale quand on s’appuie sur des données réglementaires. Ce blogue explore les priorités d’investissement des fondations, le virage graduel vers l’investissement d’impact, le rôle des gestionnaires de fonds, ainsi que le rôle des PDG pour naviguer parmi les complexités des fondations. Priorités d’investissement et valeurs Historiquement, les priorités des fondations canadiennes ont toujours été les versements caritatifs et la préservation de la valeur réelle du capital. Selon les récentes données tirées des enquêtes de FPC, les stratégies d’investissement varient considérablement, influencées par la conjoncture, les produits disponibles, les contingents des versements et les objectifs de durabilité ou de décaissement. Si certaines fondations visent une croissance stable et un faible risque, d’autres commencent à aligner intentionnellement leurs investissements sur leurs valeurs, en misant sur les critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance) et les investissements d’impact. Le secteur des fondations est scruté à la loupe, car elles donnent l’impression de trop chercher à préserver leur patrimoine, surtout quand on examine la croissance de leurs actifs au fil du temps. De 2008 à 2021, les actifs des fondations au Canada se sont accrus d’environ 100 milliards de dollars canadiens, une croissance appréciable dans un contexte de disparité générale des avoirs. Vu cette croissance, on a fini par demander une plus grande transparence quant aux stratégies de versements. Ainsi, certaines fondations acheminent désormais des rapports d’investissement détaillés à leurs membres, au grand public et à d’autres parties prenantes, en plus de répondre aux exigences du gouvernement. Le virage graduel vers l’investissement d’impact Bien que l’investissement d’impact suscite un intérêt croissant, les fondations canadiennes l’adoptent de façon graduelle. Les données sont fragmentées, et la terminologie n’est pas uniforme. Les expressions « relatif à la mission », « axé sur la mission », « socialement responsable » et « investissement d’impact » font partie des termes couramment utilisés. Qui plus est, les méthodes d’enquête ne sont pas toujours les mêmes, certaines utilisant une terminologie qui prête à confusion et d’autres contenant des questions sur les politiques plutôt que sur l’adoption de mesures. Les obstacles à la participation sont nombreux : craintes par rapport au rendement, manque de données, risques perçus, et perspectives limitées. Les petites fondations, en particulier, ont du mal à adopter ce virage en raison des contraintes de ressources et de l’expertise en impact social, qui est davantage axée sur la répartition des subventions que sur la gestion des investissements. Quoi qu’il en soit, les fondations intègrent de plus en plus les pratiques ESG à leurs processus d’investissement, notamment la sélection négative et le vote par procuration. Les grandes fondations ouvrent la marche en embauchant des gestionnaires de fonds précisément pour apporter une optique d’investissement d’impact à leur portefeuille entier. Toutefois, la majorité de ces fondations en sont toujours aux premières étapes : elles sont à la recherche de gestionnaires de fonds compétents et présentent le potentiel des investissements d’impact à leur conseil d’administration. Pour achever ce virage, il sera crucial de miser sur des gestionnaires de fonds chevronnés et de meilleurs outils d’évaluation, et aussi de saisir les bonnes possibilités d’investissement. Enfin, certains participants ont indiqué que le gouvernement pourrait offrir davantage de clarté et de soutien en faveur d’outils et de modèles philanthropiques novateurs. Le rôle des gestionnaires de fonds Les gestionnaires de fonds doivent trouver l’équilibre entre la tolérance au risque et les attentes de rendement des fondations pour lesquelles ils travaillent. Cet équilibre dépend des objectifs des fondations et de la culture de leur conseil d’administration. Une personne a d’ailleurs fait remarquer que le soutien de sa fondation familiale envers un secteur caritatif en particulier était distinct de sa stratégie d’investissement, qui reposait quant à elle sur la gestion de la tolérance au risque et du rendement. L’équilibre recherché est ainsi facilité par l’expertise du gestionnaire de fonds, qui adapte les stratégies d’investissement pour répondre aux besoins et aux objectifs spécifiques de la fondation. La pandémie a catalysé d’importants changements dans le fonctionnement des fondations, bon nombre d’entre elles ayant été poussées à augmenter leurs versements et à revoir leurs valeurs sur les plans de la longévité et de la croissance des actifs. Ces changements se sont traduits par une nouvelle gestion des investissements où les conseils d’administration réexaminent leur stratégie. Plusieurs représentants de comités d’investissement chez des membres de FPC ont exprimé la volonté de changer de gestionnaire de fonds et de se tourner vers ceux qui proposent davantage d’options pour aligner leurs investissements sur leurs valeurs. Pour achever cette transition, on doit compter sur des gestionnaires de fonds qui intègrent les critères ESG et l’investissement d’impact à leur portefeuille et qui mettent eux-mêmes leurs connaissances à jour. Il peut être difficile de changer de stratégie d’investissement ou de gestionnaire de fonds, soit parce qu’on veut maintenir des pratiques héritées, soit préserver des relations de longue date. Il est possible que des fondations fassent affaire depuis longtemps avec leur gestionnaire de fonds, parfois leur conseiller de confiance depuis des années. L’arrivée d’un nouveau gestionnaire ou l’adoption d’une nouvelle stratégie peut être difficile, surtout quand on cherche le juste milieu entre le respect des pratiques héritées et la volonté d’innovation. Cependant, le besoin d’alignement sur les valeurs et les objectifs actuels pousse les fondations à revoir leurs approches en matière d’investissement. Le rôle des PDG pour naviguer dans la complexité Le fonctionnement des fondations canadiennes varie beaucoup selon le type, la taille et le modèle de financement. Les PDG jouent un rôle essentiel pour naviguer parmi les complexités du fonctionnement des fondations. Ils agissent comme intermédiaires entre le conseil d’administration, les employés, les bénéficiaires et le grand public, établissant l’équilibre entre les valeurs traditionnelles et le besoin d’innovation. Ce poste exige une compréhension approfondie de la dynamique interne des fondations et des grands défis sociaux qu’elles cherchent à relever. On a demandé à des PDG de nous parler des nouveaux besoins de leur fondation, qui s’articulent autour de trois thèmes généraux : la générosité, la diversité et le risque. Générosité La générosité demeure un fondement de la culture canadienne, et les fondations constituent un élément crucial du soutien communautaire, en particulier lorsque les besoins sont plus criants. Les participants ont rappelé l’importance de la générosité et demandé davantage de soutien philanthropique de la part des plus fortunés. Ce sentiment de devoir de contribution au mieux-être sociétal demeure une force motrice dans l’ensemble des types de fondations. De nombreux dirigeants de fondations ont constaté une plus grande collaboration et une volonté améliorée d’apporter un soutien immédiat en cas de crise, comme pendant la pandémie de COVID-19, ce qui témoigne d’un effort collectif pour répondre à des besoins urgents. Diversité Le secteur philanthropique est soumis à des changements intergénérationnels qui se répercutent sur le profil des donateurs et le fonctionnement des fondations. Les PDG se retrouvent souvent en position d’intermédiaire pour maintenir l’équilibre entre les traditions des fondateurs et les nouvelles priorités des jeunes générations. Leur rôle consiste à naviguer parmi la multiplicité des voix et à ajouter de la diversité au sein des conseils d’administration et aux postes de direction. L’ajout de diversité et l’adoption de pratiques inclusives demeurent toutefois difficiles. Les participants ont admis que le secteur manque de diversité sur les plans de l’origine ethnique, de l’âge et des genres. Des efforts sont mis en place pour diversifier le profil de donateurs : recours à des conseils consultatifs, participation à des initiatives comme les projets de vérité et réconciliation, la philanthropie basée sur la confiance et les projets participatifs d’octroi de subventions. La situation progresse, mais l’adoption de ces pratiques d’inclusivité se fait lentement, et il reste beaucoup de travail à faire pour qu’on puisse parler d’une véritable amélioration de la diversité et de l’équité. Risque L’aversion au risque est une caractéristique notable de la philanthropie canadienne. Les participants ont souligné en quoi des décisions passées comme les valeurs et la gestion des fonds peuvent faire obstacle aux changements novateurs. Bien qu’on observe des progrès dans des projets comme le financement climatique et la collaboration avec les Autochtones, la collaboration générale dans le secteur demeure limitée. Les contraintes et le manque de clarté de la réglementation contribuent également aux approches prudentes qui caractérisent le fonctionnement des fondations. L’un des débats critiques au sein du secteur philanthropique consiste à déterminer si les fondations doivent décaisser leurs actifs pour répondre à des besoins immédiats ou viser plutôt la durabilité pour assurer un soutien à long terme. Quelque part entre ces deux options, certaines personnes interviewées ont laissé entendre que le capital philanthropique canadien a besoin d’une plus grande imagination pour diversifier ses approches, notamment des dépenses immédiates dans certains domaines, une plus grande participation communautaire, la tolérance à une certaine érosion du fonds de dotation, et une durabilité limitée, par exemple sur 15 à 20 ans. Conclusion Comme les fondations reconnaissent de plus en plus l’importance d’aligner leurs investissements sur leurs valeurs, le virage vers l’investissement d’impact, même s’il s’opère lentement, est prometteur. Le débat entre le décaissement et la durabilité continue d’évoluer, chaque fondation traçant son parcours en fonction de sa mission et de ses objectifs. Les PDG jouent un rôle essentiel pour naviguer parmi ces complexités en cherchant un équilibre entre tradition et innovation, et en faisant en sorte que leur fondation puisse satisfaire efficacement aux besoins sociétaux immédiats et à long terme. En préconisant des discussions ouvertes sur les investissements et le fonctionnement, les fondations canadiennes pourront optimiser l’impact positif qu’elles exercent aujourd’hui et qu’elles exerceront demain sur la société. Share This Article Facebook Twitter LinkedIn Email
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