Archives La philanthropie canadienne au cours de la prochaine année Hilary Pearson Jan 16, 2018 6 min read Nouvelles et perspectives Archives La philanthropie canadienne au cours de la prochaine année C’est la saison des prévisions, et le monde de la philanthropie ne fait pas exception. Les prévisions, certaines excentriques, d’autres plutôt prudentes, y pullulent. Alors, pourquoi ne pas y aller de nos propres prédictions en ajoutant une perspective canadienne? Nous en faisons quelques-unes ci-dessous, et vous trouverez à la fin de ce billet des liens vers les prévisions d’autres observateurs de la scène philanthropique ailleurs dans le monde. Toutes prévisions réunies, je crois que nous pouvons être optimistes. Voici nos prédictions pour la philanthropie canadienne. Certaines sont audacieuses, d’autres beaucoup moins. Nous y reviendrons à la fin de 2018 pour vérifier si l’avenir nous aura donné raison. Des méga-donateurs émergent au Canada. En janvier, le Centre for Addiction and Mental Health de Toronto a annoncé avoir reçu un don anonyme de 100 millions de dollars. Un don unique d’une somme aussi importante est inhabituel pour le Canada. Observerons-nous une augmentation de ces dons de plusieurs millions de dollars? Je crois que c’est probable, puisque des méga-donateurs émergent et que des percées semblent possibles, particulièrement en santé. Ces dons transformationnels cibleront-ils principalement les grands instituts de recherche? Ou augmenteront-ils dans des sphères comme les changements climatiques, l’aide aux réfugiés et aux immigrants, les droits de la personne ou la lutte contre l’itinérance? Cela est moins évident. La philanthropie se tourne davantage vers les enjeux autochtones. Loin de s’essouffler, l’élan s’est amplifié depuis la séance de clôture de la Commission de vérité et réconciliation en 2015. Des leaders autochtones, en particulier les jeunes, maintiennent à l’avant-plan la question de la réconciliation. Les bailleurs de fonds philanthropiques voudront miser gros sur les jeunes autochtones, le groupe démographique connaissant la croissance la plus rapide au Canada. Les mots « collaboratif » et « participatif » sont sur toutes les lèvres. Les fondations feront davantage l’essai de méthodes participatives d’octroi de dons, et plus de groupes de donateurs ayant des intérêts communs et de collectifs de bailleurs de fonds seront formés ou prendront de l’ampleur en 2018. … Mais pas la diversité. Au Canada, le secteur de la philanthropie organisée est remarquablement peu diversifié démographiquement. L’écart entre ceux qui dominent le secteur et leurs bénéficiaires est évident, particulièrement dans les grands centres urbains. Les exemples de fondations qui adoptent des stratégies pour réunir à l’interne une plus grande diversité de voix demeurent rares. Assisterons-nous à un changement majeur en 2018? En termes de prise de conscience, oui… sur le plan des mesures concrètes, c’est moins sûr. Le gouvernement fédéral s’engage à moderniser le régime fiscal régissant les organismes de bienfaisance. Bien que le gouvernement ait fait la manchette à la fin de 2015 en évoquant une modernisation des dispositions de la Loi de l’impôt sur le revenu s’appliquant aux organismes de bienfaisance, peu de démarches en ce sens ont été faites depuis. Le secteur a continué d’exercer des pressions au soutien d’une modification de la loi, que les organismes de bienfaisance et les leaders d’opinion réclameront de plus en plus vigoureusement à mesure que l’année avancera. Le gouvernement respectera-t-il sa promesse? J’ose prédire qu’il le fera. L’investissement d’impact demeure très peu répandu. Quoique les possibilités d’investissement direct se soient multipliées sur les marchés canadiens et mondiaux et que les gouvernements (notamment celui de l’Ontario) signalent qu’il n’est pas « imprudent » pour les fondations de faire des investissements d’impact, ceux-ci demeureront un territoire inexploré pour de nombreuses fondations. Les actifs des fondations qui sont constitués de fonds orientés par le donateur connaissent une croissance rapide. Maintenant que des fondations publiques liées à des institutions financières commerciales et à d’autres sociétés de gestion du patrimoine offrent aussi, comme les fondations communautaires, la possibilité d’établir un fonds orienté par le donateur, nous assisterons à une accumulation rapide d’actifs dans ces fondations. Ces fonds auront-ils assez de pouvoir discrétionnaire pour devenir de nouveaux joueurs au sein de la communauté des fondations au Canada dans le cadre de projets collectifs? Ou cela représente-t-il la croissance d’une philanthropie essentiellement réactive ou passive, par opposition à une philanthropie plus engagée? Les dons directs deviennent plus fréquents. Les dons directs passant par les connexions numériques permettent aux particuliers de donner directement à d’autres personnes ou à des organismes d’autres pays. Il est difficile d’assurer un suivi de ces dons, que le système fiscal ne mesure pas au moyen de reçus ou de rapports. Alors, comment savoir qu’ils augmentent? Nous pouvons conjecturer, étant donné la popularité des téléphones intelligents, l’étendue des plates-formes en ligne et des médias sociaux et la tentation de donner dans l’instant, que les dons directs seront une tendance importante au Canada. Ces facteurs, conjugués à l’idée que donner de l’argent directement est en réalité la façon la plus efficace de donner, pourraient faire en sorte que le don direct sera LA tendance de l’année. Pourra-t-on le prouver? Difficilement. Quelques domaines sortant des sentiers battus dans lesquels nous espérons que les grands donateurs canadiens investiront davantage : la technologie et les solutions financières au profit des personnes marginalisées; l’Arctique et l’ensemble du Nord canadien; l’éducation à distance des enfants réfugiés; la lutte contre la fermeture de l’espace de la société civile dans le monde. Un pari audacieux. Nous prédisons une vaste collaboration importante entre des fondations et des entreprises afin d’obtenir des résultats dans un domaine auquel les gouvernements ne peuvent ou ne veulent pas s’intéresser : l’eau et la sécurité alimentaire peut-être? Ou le journalisme d’intérêt public? Vous aimeriez nous faire part de vos prévisions concernant la philanthropie canadienne en 2018? Nous sommes tout ouïe. Pour lire d’autres prévisions au sujet de la philanthropie en 2018 : David Callahan, Inside Philanthropy Lucy Bernholz, Blueprint 2018 Predict-A-Palooza: Civil Society Forecast 2018 Partager cet article Facebook Twitter LinkedIn Email
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